Le compte administratif montre en effet que la ville continue à être malade de ses emprunts toxiques. En 2013, certains emprunts toxiques ont dépassé 13 % d'intérêt : plutôt que de riposter en portant plainte contre les banques, comme l'ont fait avec succès beaucoup de collectivités, Laclais a préféré s'arranger avec elle. Ainsi, elle a obtenu la renégociation des prêts les plus problématiques, échangeant les anciens emprunts toxiques contres des prêts à 6 % d'intérêt. Quand on sait que les banques se financent aujourd'hui auprès de la banque centrale à 0,25 %, on imagine le beurre qu'elle peuvent se faire avec de tels taux. Pour la ville, le résultat est simple : alors que la dette a diminué en 2013 d'1,5 million d'euros et que les taux d'intérêts n'ont jamais été aussi bas, la charge des intérêts a atteint un nouveau record puisqu'elle s'est montée en 2013 à pas moins de 5,3 millions d'euros.

Pour régler les problèmes financiers de la ville, il suffirait d'une mesure très simple : permettre aux collectivités territoriales de se financer directement auprès de la banque centrale à son taux directeur. Si les collectivités n'étaient pas obligés de se financer auprès des établissements bancaires, qui sont aujourd'hui les seules à pouvoir emprunter directement à la banque centrale, elles ne seraient plus soumises au bon plaisir des requins de la finance. Si Chambéry pouvait se financer auprès de la banque centrale au taux directeur, son service de la dette ne représenterait plus que 300 000 euros, ce qui lui rapporterait 5 millions, de quoi financer largement la gratuité des bus et des cantines. J'ai demandé à Laclais et au petit Dantin pourquoi, en tant que députés, ils ne proposaient pas cette simple mesure, mais je n'ai pas eu de réponse à cette question.

Par ailleurs, le compte administratif montrait aussi que la ville a supprimé en 2013 pas moins de 148 emplois, ce qui constitue un nouveau record. Entre 2008 et 2013, la municipalité PS-EELV-PCF aura ainsi supprimé pas moins de 248 emplois, dont 48 de fonctionnaires, ce qui constitue l'une des pages les plus noires de son triste bilan. Si les coupes budgétaires de l'État et les emprunts toxiques expliquent cette situation, la politique de la municipalité en est aussi largement responsable, puisque Laclais a considérablement aggravé la situation en faisant passer l'excédent de la section de fonctionnement de 4,31 à 7,45 million, afin de pouvoir financer sa politique d'investissements. On est passé au vote du compte administratif : j'ai voté contre, l'UMP s'est abstenue, tandis que les élus du PS, d'EELV et du PC votaient pour.

On est ensuite passé au budget qui était marqué par l'annonce de nouvelles coupes budgétaires. Pour 2014, l'État socialiste a réduit sa dotation à la ville de pas moins de 979 000 euros, ce qui est du jamais vu. Dans le même temps, il a mis en place de nouveaux transferts de charge, à l'exemple de la désastreuse réforme des rythmes scolaires qui va coûter à la ville 300 000 euros par an. Après avoir voté toutes ces mesures à l'Assemblée nationale, Laclais nous a proposé de les mettre en musique à Chambéry, en budgétant une nouvelle série de coupes dans les services : les bibliothèques vont par exemple perdre 5,7 %, la mission handicap 11,2 %, le service logement 24,7 % etc. Tout cela justifie amplement la décision de Chambéry 100 % à gauche de voter contre ce budget, comme nous l'avait fait durant tout ce mandat.

Le petit Dantin a fait, comme souvent, une très mauvaise intervention sur le budget, totalement vide d'arguments, avant d'annoncer que l'UMP voterait contre le budget. Reconnaissons toutefois que sa tâche n'est pas facile : Laclais menant sur tous les sujets une politique qui est normalement la sienne, la droite chambérienne ne sait plus quoi proposer. L'écotartuffe Dupassieux a cru indispensable d'intervenir pour nous expliquer qu'il déplorait la politique du gouvernement, dont EELV est pourtant partie prenante, mais qu'il était très content de son bilan et d'appartenir à la majorité municipale. Fajeau a lui aussi expliqué que la politique du gouvernement n'était pas la bonne, mais s'est refusé à toute critique de Laclais, avant de nous expliquer que les élus fajeautistes ne participeraient pas au vote, espérant ainsi se distinguer de Laclais, tout en évitant de s'opposer à elle, ce qui leur permet de nourrir l'espoir qu'elle acceptera de les reprendre entre les deux tours.

Après le budget, on est passé au vote des subventions. J'ai voté contre les subventions à l'école privée, mais aussi contre les 447 000 euros qui sont donnés au club de Hand-Ball, qui repasse encore à la caisse à Chambéry métropole et au conseil général : j'ai expliqué qu'il était scandaleux qu'alors que toutes les subventions sont en baisse, celle-ci n'a pas diminué d'un centime et qu'il est particulièrement lamentable de constater qu'elle est deux fois supérieure à ce que la ville consacre à l'aide aux populations en grande précarité (cantine savoyarde, Sasson etc.). J'ai aussi voté contre les 1,5 million de subventions pour Chambéry promotion, qui s'appelle maintenant Chambéry tourisme et congrès qui, comme Ruffier nous l'a obligeamment rappelé, n'ont d'autre fonction que de remplir les hôtels de la ville. Enfin, j'ai voté contre les 1,5 million de subventions à l'AMCCS, puisque nous proposons d'affecter la moitié de cette subvention au développement de la culture populaire et de proximité.

On a poursuivi par quelques autres dossiers, avant que Dupassieux ne demande la parole pour nous annoncer une nouvelle de première importance, en nous expliquant qu'il venait de recevoir le label Cit'ergie dans une cérémonie à Dunkerque. Depuis quelques années, les villes mettent en place ce genre de petites sauteries, au cours desquelles elles se décernent mutuellement labels et beaux diplômes que les élus aiment beaucoup à collectionner. L'écotartuffe labellisé en était rouge de plaisir et nous a même montré son beau parchemin qu'il a fait encadrer, avant sans doute de l'afficher dans sa salle à manger.

Pour terminer le conseil, Dullin a demandé ce qu'était devenue l'enquête publique sur le pont Gambetta que la municipalité avait mise en place en juin dernier, mais qui a disparu totalement de la circulation, ce qui fait dire à certains mauvais esprit que, devant la force des oppositions, la municipalité s'est arrangée avec la commission d'enquête pour éviter de publier ce document avant les élections. Besson nous a rassuré, en nous expliquant que la commission était totalement indépendante et qu'il ne pouvait savoir à quel moment l'enquête serait publiée. Il a toutefois rajouté que selon ses informations cela aurait lieu à la fin du mois de février, c'est à dire juste trop tard pour que l'enquête puisse être soumise à un conseil et rendue publique avant les élections, ce qui est vraiment la faute à pas de chance. En nous assurant qu'il n'y était en tout cas pour rien et que nul ne pourrait douter de l'indépendance de cette commission d'enquête, il a rendu le micro sur cette dernière intervention avec laquelle il clôturait pas moins de 50 années consécutives de mandats électifs.