Ce document, que nous rendons ici public, révèle que la comptabilité remise à la ville par le groupe Compass n'est pas sincère. Si Compass ne déclare au titre de sa Délégation de Service Public qu'un modeste bénéfice de 47 101 euros en 2012, l'audit du cabinet du Cantineo démontre que la réalité est tout autre. Selon ce document, la comptabilité remise à la ville présente de graves incorrections, puisqu'une comparaison entre les comptes d'exploitation et la comptabilité analytique permet de mettre en évidence une différence de pas moins de 57 764 euros !

Par ailleurs, l'audit démontre que les éléments donnés par le délégataire ne permettent pas d'établir la réalité de la situation financière de la Délégation de Service Public. L'audit explique par exemple que la comptabilité ne permet pas "de présenter la réalité des dépenses alimentaires", pas plus d'ailleurs que "de présenter la réalité des frais de personnels, notamment ceux affectés à la DSP". En effet, l'audit Cantineo constate que le délégataire, qui utilise la cuisine municipale pour un usage privatif, semble avoir intégré "une quote-part des frais [de son utilisation privative] dans les comptes de la Délégation de Service Public".

L'audit démontre par ailleurs que la comptabilité de Compass n'est pas sincère. Il souligne par exemple que si le délégataire annonce une augmentation de ses coûts de matières premières de 8,05 %, ce qui lui permet de minorer son bénéfice, celle-ci ne peut en réalité être supérieure à 2,29 %. Par ailleurs, il constate que Compass déclare une augmentation de sa masse salariale de 5,21 % en 2012, alors même qu'il signale avoir réduit cette même année son personnel d'un équivalent temps plein, ce qui constitue une contradiction manifeste.

Ces éléments m'ont amené à demander à la municipalité de porter plainte, sur la base de cet audit, pour abus de biens sociaux. Guy Fajeau, qui est chargé du contrôle de ces délégations, a reconnu que cet audit posait de graves questions et qu'il fallait qu'il y ait des suites, mais qui peut sérieusement croire que Laclais puisse poursuivre en justice un patron chambérien, ce qu'elle n'a jamais fait durant tout son mandat ? L'audit du cabinet Cantineo démontre en tout cas, une nouvelle fois, que les municipalités ne disposent pas des moyens de contrôler les groupes privés auxquels elles délèguent leurs services publics. Alors que la Délégation de Service Public de Compass arrive prochainement à son terme, puisqu'elle prendra fin le 31 août 2015, cet audit démontre une nouvelle fois que la ville aurait tout intérêt à reprendre le contrôle de sa restauration scolaire.